L'actuel président de la délégation spéciale d'Antananarivo (PDS), Edgard Razafindravahy, est un homme d'affaires qui a flirté avec la politique dans les années 90, en dilettante. Bien qu'attiré par la magistrature suprême, il n'a jamais osé depuis lors se lancer dans une course électorale. Toutefois, lorsque le président de la transition Andry Rajoelina, dit TGV, dont il a soutenu l'accession au pouvoir, l'a placé à la tête de la mairie d'Antananarivo en août 2009, Razafindravahy s'est pris à rêver qu'il pourrait peut-être, à l'instar de ses deux prédécesseurs à ce poste (Marc Ravalomanana et TGV), s'en servir comme d'un marchepied vers le palais présidentiel.


Côté business, Edgard Razafindravahy a débuté sa carrière dans le commerce du riz dans les années 80, avant de diversifier peu à peu ses activités pour fonder le groupe Prey, qui réunit aujourd'hui près d'une dizaine de sociétés parmi lesquelles Sitram (négoce), Ecoprim (édition) et le quotidien L'Express de Madagascar.

L'itinéraire de Razafindravahy n'a pas été de tout repos, surtout dans ses relations avec le pouvoir politique qui ont été exécrables à partir de 2007, à l'époque du président Ravalomanana (2002-2009). Ce dernier a ainsi tenté de l'évincer de certains secteurs d'activité. Cette période a été pour Edgard Razafindravahy une traversée du désert au terme de laquelle il avait même dû prendre le large en 2008 pour s'installer à Maurice. Toutefois, son exil a été de courte durée, puisqu'en mars 2009 Ravalomanana a été chassé du pouvoir par Andry Rajoelina.

Cette alternance politique a marqué un véritable retour en grâce d'Edgard Razafindravahy auprès des nouvelles autorités malgaches, et ses affaires ont depuis été florissantes. Devenu PDS de la capitale, Razafindravahy a choisi de se concentrer sur cette tâche et a quitté en août 2010 la direction exécutive du groupe Prey, dont il est cependant resté président du conseil d'administration et l'actionnaire majoritaire.

L'annonce en janvier 2013 de la non-candidature d'Andry Rajoelina au scrutin présidentiel prévu le 24 juillet a changé la donne pour Edgard Razafindravahy, qui s'est mis à envisager de se lancer dans la course à la magistrature suprême. Toutefois, pour concrétiser ce projet, il lui faudrait l'appui d'un parti politique ayant une dimension nationale, ce qui lui manque encore. Malgré cette faiblesse, Razafindravahy dispose de précieux relais dans divers milieux influents : parmi les Andriana (nobles merina), chez les grandes familles catholiques de la capitale, au sein des personnalités formées par le Centre d'études diplomatiques et stratégiques (CEDS), sans compter ses partenaires commerciaux mauriciens. Néanmoins, parmi les supporters d'Andry Rajoelina, tout comme au sein de la bourgeoisie merina de la capitale, Razafindravahy doit faire face à un rival de poids en la personne du vice-premier ministre chargé de l'aménagement du territoire, Hajo Andrianainarivelo, qui lui aussi nourrit une ambition présidentielle.