La gestion prébendière du cacao sous le régime Gbagbo (vingt-deux responsables ont été jugés pour avoir détourné 300 milliards de F CFA, soit plus de 457 millions d'euros, entre 2002 et 2010) a obligé à une recomposition globale du secteur. A l'origine de scandales à répétition, les structures qui composaient jadis cette filière (Bourse du café et du cacao, Fonds de régulation et de contrôle, Autorité de régulation du café et du cacao.) ont été supprimées au profit d'un Conseil café-cacao (CCC) créé sur le modèle du Ghana Cocoa Board.


Pour diriger cette nouvelle entité, le président Alassane Ouattara a fait appel à Massandjé Touré-Litsé. Cette discrète technicienne formée aux Etats-Unis est proche du président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, lequel a influé sur la nomination du président du CCC, Lambert Kouassi Konan, ancien ministre de Henri Konan Bédié. Rationnalisé, ce secteur vital pour la Côte d'Ivoire - premier producteur mondial avec 1,7 million de tonnes en 2014 - reste donc entre les mains de proches du chef de l'Etat. Un principe hérité de ses prédécesseurs, qui avaient été jusqu'à en faire leur "caisse noire".

La réforme lancée en 2011 a eu une autre conséquence : l'apparition de nouveaux acteurs soucieux de capter une partie de la rente cacaoyère. Ces opérateurs dont nous retraçons l'ascension sont également, à l'instar de Loïc Folloroux, patron d'Africa Sourcing, ou de Zoumana Bakayoko, fondateur d'Agro West Africa, des proches du palais présidentiel. Quant aux grands groupes, parmi lesquels les "Big Four" (ADM, Cargill, Barry Callebaut et Cémoi) ou SAF-cacao, premier opérateur national à l'exportation, ils continuent de s'appuyer sur des représentant locaux aguerris qui sont souvent des figures de la filière. Lionel Soulard, patron emblématique de Cargill West Africa, présent en Côte d'Ivoire depuis plus de vingt ans, est l'un d'eux.