Le nouveau président malgache Hery Rajaonarimampianina, élu le 20 décembre 2013 avec 53,49% des voix contre son rival Robinson Jean Louis, est une sorte d'ovni politique qui se retrouve à occuper ce poste un peu par hasard. Alors novice en politique, il est entré au gouvernement de transition en 2009 comme ministre des finances et du budget grâce à l'entregent de l'homme d'affaires Maminiaina Ravatomanga qui l'a introduit auprès du président Andry Rajoelina, dit TGV. Expert-comptable depuis près de vingt ans, ce technicien discret a su conserver son maroquin au gré des changements ministériels et s'est peu à peu imposé comme un fidèle du président de la transition, notamment en acceptant de couvrir les pratiques politiques et commerciales des TGV Boy's. Cela ne l'a pas empêché d'être ensuite humilié par TGV qui lui a préféré in extremis en avril 2013 Edgard Razafindravahy, alors maire d'Antananarivo, comme candidat du parti présidentiel Tanora malaGasy Vonona. Après divers rebondissements, Rajaonarimampianina a finalement tenu fin 2013 le rôle de poulain électoral d'Andry Rajoelina face à Robinson Jean Louis soutenu lui par l'ancien président déchu, Marc Ravalomanana.


Entre-temps, Rajaonarimampianina avait eu l'audace et la clairvoyance de présenter sa candidature au scrutin présidentiel au nom de sa propre plateforme politique, l'association Hery Vaovao hoan'i Madagasikara, et avait ainsi dû rivaliser au premier tour avec plusieurs ténors de la transition comme Hajo Andrianainarivelo, Edgard Razafindravahy ou Camille Vital. Le soutien officiel que lui a apporté Andry Rajoelina pour le second tour l'a clairement positionné comme le candidat de l'équipe sortante. Dès lors, Rajaonarimampianina a adopté une position ambivalente, prônant sa volonté de rupture avec le régime finissant, tout en s'affichant avec Rajoelina, omniprésent à ses côtés pendant la campagne pour le second tour.

Après cinq années de transition chaotique qui ont vu la situation économique se dégrader, le nouveau président doit relever de nombreux défis, à commencer par renouer les relations avec les bailleurs de fonds internationaux tels le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Aux yeux de la population malgache, la crédibilité du récent élu se révèlera dans sa capacité à s'affranchir de la tutelle de Rajoelina, dont la coalition électorale, Miaraka Amin'i Prezida Andry Rajoelina (Mapar), a obtenu 53 des 151 sièges de députés à l'Assemblée nationale. Grâce à ce score, TGV va pouloir continuer à jouer un rôle politique important.
Entouré de ses collaborateurs de confiance issus du ministère des finances ou du sérail d'Air Madagascar, Rajaonarimampianina a désormais la délicate tâche de se constituer un réseau d'alliés politiques solide, notamment au Parlement, pour s'imposer comme président.

Sur la toile