Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2011, le président Alassane Ouattara a fait du rétablissement de la transparence dans les industries extractives une affaire personnelle. Il est ainsi directement impliqué dans la gestion du secteur, au détriment de son ministre des mines, Adama Toungara, et s'assure du bon fonctionnement de l'administration minière. Les compagnies d'exploration et d'exploitation en sont les premières victimes, voyant leurs demandes de permis ou de renouvellement de titres gelées. Cette situation crée un climat d'investissement délétère qui pousse certains opérateurs, découragés, à l'instar de Newmont, à plier bagage.


"ADO" s'appuie sur une myriade de conseillers présidentiels pour traiter les dossiers qui remontent du ministère des mines et ainsi exercer sa mainmise sur le secteur. Au cœur de ce système se trouve Philippe Serey-Eiffel, le coordinateur du corps des conseillers, qui chapeaute la cellule économique et travaille étroitement avec Daouda Thiam, le conseiller chargé des ressources naturelles à la présidence. Avec Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général de la présidence, et Téné Birahima Ouattara, le frère d'ADO, ministre des affaires présidentielles, ils forment le quatuor incontournable des mines en Côte d'Ivoire.

Conséquence de la toute-puissance du chef de l'Etat, Adama Toungara (qui est avant tout un expert du pétrole) et son staff ne font qu'enregistrer des décisions prises en haut lieu. Mais cela n'empêche pas le ministre des mines de bâtir ses propres réseaux en s'appuyant sur sa famille, à commencer par son frère Mamadou Latif Toungara.

Contrairement à Toungara, ADO est très attentif à ce qu'aucun de ses parents ne se positionne comme intermédiaire auprès des compagnies minières. Résultat, les membres du clan Ouattara s'improvisent surtout comme missi dominici auprès du ministre des mines pour éviter les foudres du pater familias ! Cette situation flatte Toungara, mais ce dernier veille toutefois à ne pas faire de l'ombre au chef de l'Etat, dont il est un proche de longue date, et auquel il doit sa nomination. L'unique exception à cette règle est le frère du président, Birahima Téné Ouattara, ministre des affaires présidentielles, véritable premier ministre bis, qui a la main sur tous les dossiers, y compris miniers.

Outre ces deux sphères d'influence que sont d'un côté la présidence et de l'autre le ministère des mines, les hommes du secteur minier privé constituent un autre aréopage, à cheval entre les anciens réseaux de Laurent Gbagbo et les allégeances nouvelles à Ouattara. Enfin, les ex-chefs de guerre du Nord diamantifère fidèles à Guillaume Soro échappent encore au contrôle de l'administration centrale.