Après avoir fait jeu égal avec Mwai Kibaki lors de la présidentielle de décembre 2007, Raila Odinga semble partir favori pour la course au prochain scrutin, dont le premier tour est prévu en mars 2013. Fils de l'opposant historique Jaramogi Oginga Odinga, il est entré dans l'opposition au régime de Daniel arap Moi avant de s'y rallier par la suite. Prison et exil ont façonné le début de son parcours politique, et il a manqué de peu d'accéder à la fonction suprême lors de l'élection de fin 2007 dont les résultats, largement contestés, ont donné lieu à plusieurs mois de violences intercommunautaires dans le pays.


Début 2008, il est nommé premier ministre, chargé de diriger un gouvernement de coalition. Raila Odinga fait vivre l'héritage de son père, y compris dans ses inimitiés politiques : comme son père avec Jomo Kenyatta, le premier président kenyan, Raila Odinga n'a de cesse de rivaliser avec Uhuru Kenyatta, le vice-premier ministre.

Si le premier ministre, qui a fondé son propre parti en 2005, l'Orange Democratic Movement (ODM), a suivi les traces de son père en politique, il est dans le domaine des affaires un self-made-man. Il a créé ses propres entreprises : East African Spectre, une usine de fabrication de bonbonnes de gaz ; Spectre International, une unité de production d'éthanol issue du rachat d'une firme étatique tombée en décrépitude ; et Pan African Petroleum, une firme d'importation pétrolière. A la tête d'entreprises prospères, le couple Odinga compte aujourd'hui parmi les grandes fortunes du pays. Il s'agit désormais d'une affaire de famille, plusieurs membres du clan Odinga étant chargés de leur gestion.

Après deux mandats du président Mwai Kibaki, un Kikuyu, Odinga estime que c'est au tour d'un Luo - comme lui - d'accéder à la présidence face au Kikuyu Kenyatta. Mais les alliances politiques au Kenya sont volatiles et, jusqu'au dernier moment, Raila Odinga ne sera pas totalement assuré d'être le quatrième président kenyan. Même avec l'actuel vice-président Kalonzo Musyoka comme colistier.