Au terme de deux années de procédure, les sociétés Jeune Afrique Media Group et Africa Media Group (éditrice du magazine panafricain Jeune Afrique) ont vu la cour d'appel de Paris rejeter à nouveau le 4 juin leur tentative de faire condamner Indigo Publications, éditeur d'Africa Intelligence, pour "actes de dénigrement constitutifs de concurrence déloyale". Longtemps conseillé par Emmanuel Pierrat, condamné en mars 2023 à une suspension d'exercice de dix-huit mois, Jeune Afrique était assisté sur ce dossier par Patrick Klugman, qui a, entre autres, été le conseil du gouvernement du Gabon.
L'assignation du magazine visait sept articles publiés dans Africa Intelligence et La Lettre, titre également édité par Indigo Publications, entre 2017 et 2023, et portant sur ses finances, son actionnariat et ses structures de contrôle. Dans son assignation, Jeune Afrique arguait que la publication de ces articles avait perturbé sa levée de fonds auprès d'actionnaires putatifs. Devant la juridiction commerciale, le magazine réclamait 200 000 euros pour préjudice d'image et préjudice économique, et la suppression des articles désignés.
En première instance, le 24 juin 2024, le tribunal de commerce a jugé qu'il n'apparaissait aucunement "que les propos retenus" constituaient "des critiques" des produits des sociétés demanderesses "dans le but de procurer un avantage concurrentiel indu à Indigo", et a invité les dirigeants de celles-ci, s'ils jugeaient diffamatoires les articles de La Lettre et d'Africa Intelligence, à "saisir le tribunal judiciaire", en l'occurrence la 17e chambre, qui juge les affaires de presse, et non une juridiction commerciale.
Jeune Afrique n'a pas suivi l'invitation et s'est porté devant la cour d'appel, réitérant que les révélations de La Lettre et d'Africa Intelligence à son propos étaient "dénigrantes", puisqu'elles ternissaient "son image par une critique excessive et malveillante", et ce, alors que ces articles émanaient "d'une société concurrente sur le marché des éditeurs et diffuseurs d'informations", notamment dans les pays africains. Le 4 juin 2025, les magistrats ont cependant considéré qu'aucun des articles visés ne contenait "des propos susceptibles de constituer une critique des produits et services" de Jeune Afrique "dans le but de procurer un avantage concurrentiel à la société Indigo", et qu'il n'était donc "nullement démontré" qu'Indigo "se soit livré à une campagne de dénigrement". La cour a, en outre, déclaré que les sociétés appelantes n'avaient pas établi que "le contenu de ces articles les aient perturbées ou ait empêché leur renforcement capitalistique".